Si les techniques de pointe nous permettent aujourd’hui de contrecarrer efficacement la chute des cheveux, la préoccupation capillaire est présente dans l’Humanité depuis les âges les plus reculés. Du mythe de Samson à la micro-greffe, retour sur une histoire millénaire.
Quelques milliers d’années avant notre ère, des hommes de Cro-Magnon partent en chasse. Vêtus de peaux de bêtes, armés de lances, leurs silhouettes hirsutes sortent de la caverne… hirsutes ? Eh bien pas tant que cela : contrairement au cliché de l’homme préhistorique fruste, les archéologues ont prouvé que même nos plus lointains ancêtres prenaient soin de leur chevelure. Pierres ou dents d’animaux servaient de rasoirs ou de peignes, au départ pour une raison hygiénique : entretenir sa chevelure était (et demeure) le moyen le plus efficace de lutter contre les parasites. Bien vite cependant, la chevelure s’est parée d’une signification magique, peut-être nourrie par la fascination de voir ces cheveux repousser sans cesse après avoir été coupés.
Bien vite, les croyances se sont ancrées dans un mythe qui persiste encore dans la civilisation judéo-chrétienne : Samson, dont les cheveux incarnaient aussi bien la dévotion à Dieu que la puissance physique. Perdant ses cheveux, Samson perdit aussi sa force, sa virilité pourrait-on dire.
En réalité, quelle civilisation ne s’est jamais préoccupée de ses cheveux ? Les barbares velus et négligés, en opposition aux raffinés Grec et Romains ? Clichés, une nouvelle fois : portant bien les cheveux longs, les Gaulois n’en apportaient moins un soin particulier à confectionner des tresses sophistiquées. Les Pharaons se teignaient quant à eux les cheveux au henné. Dans l’Egypte antique toujours, il est intéressant de souligner que les enfants étaient rasés jusqu’à la puberté, le cheveu pouvant pousser librement quand survenait l’âge adulte. Si absence de chevelure il y avait, elle était volontaire, par le rasage du crâne ; l’alopécie masculine, en revanche, était compensée par des perruques ou des extensions artificielles parfois d’un haut niveau de complexité.
De l’Europe à l’Asie, l’Antiquité a également vu se développer une multitude de décoctions et onguents destinés à lutter contre la chute des cheveux. En ce sens, les cliniques actuelles sont les héritières des sorciers et rebouteux d’antan… la rigueur scientifique et l’efficacité en plus !
Au cours du Moyen-Âge, le cheveu conserve son importance, non seulement esthétique mais aussi et surtout chez les puissants comme marqueur de rang militaire, social ou religieux. Qu’elle soit tressée, coupée court, tonsurée pour les moines, la chevelure garde une constante : elle n’est jamais négligée. Au contraire, tondre totalement un rival est le meilleur moyen de le disqualifier. Dans ce contexte, on comprend qu’ici encore, lutter contre la calvitie dépasse le simple enjeu esthétique.
Dans les temps modernes vient le temps des perruques poudrées, familiarisées par les reconstitutions historiques de l’époque. Si l’image de la cour emperruquée du Roi de France est si ancrée dans notre inconscient, elle le doit tout d’abord à Louis XII, pour qui cet artifice était avant tout un moyen de masquer sa calvitie. Se répandant chez les courtisans, la mode a ensuite été reprise par Louis XIV, pour les mêmes raisons. En ce sens, les chefs d’Etat actuels recourant aux implants capillaires ne font que suivre ce mouvement qui, depuis les origines, voit dans les cheveux un attribut du chef, a contrario d’un crâne dégarni assimilé dans l’opinion aux technocrates si décriés.
Qu’elles se basent sur des traitements médicamenteux ou sur des micro-greffes, les techniques actuelles de lutte contre la calvitie ne font que s’inscrire dans cette histoire aussi vieille que l’Humain. Au-delà de la seule esthétique, c’est toute une force sociale et symbolique qui, dans nos civilisations, s’attache à la chevelure : il est d’autant plus compréhensible de chercher à lui apporter le meilleur soin, en ayant recours à chaque époque aux méthodes les plus avancées qui puissent exister.
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